Nos villes changeantes
Conception pour un monde en évolution
Les villes. Pour un nombre croissant d’entre nous, l’avenir est directement lié à celles-ci. D’ici 2050, on prévoit qu’environ 2,5 milliards de personnes de plus vivront en ville – ce sont deux personnes sur trois. Et malgré la pandémie de coronavirus qui est venu obscurcir la vie normale, l’urbanisation devrait se poursuivre. Tout comme la croissance des villes est une mégatendance, les mégapoles sont une tendance mondiale.
Quand nous concevons des produits pour changer le monde, nous cherchons continuellement à sensibiliser aux facteurs de changement; et ce qui rend les villes si fascinantes, c’est leur capacité à nourrir notre réflexion sur la conception.
Concepteur : Baldwin and Bagnall
Photographe : Katherine Lu
Lieu : Sydney, Australie
Question stupide, non? Ce n’est qu’un groupe de gens qui vivent les uns près des autres. Mais, les villes signifient des choses différentes selon chaque personne. Et, il existe de meilleures façons de décrire ces grandes agglomérations. Par exemple, l’urbaniste américain Ed Glaeser les décrit comme l’« absence d’espace physique entre les humains », la proximité permettant « la circulation des biens et des idées, ainsi que le partage des joies urbaines, comme les musées, les parcs et les restaurants ».
Richard Sennett, un conseiller principal pour le programme de l’ONU sur les changements climatiques et les villes, a utilisé deux mots français pour définir les fonctions d’une ville. La ville est l’environnement, la cité est le caractère de la vie. « L’environnement est une chose, la façon dont les personnes s’y épanouissent en est une autre. »
Architectes : Brad Swartz Architects. Photographie : Katherine Lu. Sydney, Australie
Et Jane Jacobs, l’autrice du classique de 1961 : Déclin et survie des grandes villes américaines, décrit une partie ciblée de la ville, le quartier qui « n’est pas seulement une réunion d’immeubles, [mais] c’est un tissu de relations sociales, un milieu où s’épanouissent des sentiments et de la sympathie. »
Définir la ville est une chose, mais comprendre ce qui motive les gens à y vivre en est une autre. En règle générale, nous pouvons associer la popularité des villes aux possibilités qu’elles offrent. Suketu Mehta, dans un fantastique recueil d’essais intitulé Shaping Cities (Phaidon, 2018), décrit les villes comme « notre grande marque sur la planète… l’expression la plus pure de ce que nous sommes en tant qu’humains – les meilleures et les pires parties de nous-mêmes ».
Architectes : Whiting Architects. Photographie : Shannon McGrath. Décoration : Swee Design. Melbourne, Australie.
Les humains préfèrent les « colonies aux cavernes », a écrit Suketu Mehta, remarquant que les villes, par leur taille et leur variété, offrent des occasions de connexion sociale, d’emploi et d’entrepreneuriat, de diversité culturelle et communautaire, de commodité et de divertissement.
Architectes : Liz Walsh et Alex Nielsen. Photographie : Sean Fennessy. Tasmanie, Australie.
Quel est le plan?
Les villes grandissent vite, mais le monde a déjà vu une croissance urbaine rapide par le passé, et y a répondu par une nouvelle planification urbaine et de nouveaux concepts architecturaux pour loger les gens et leur permettre de tisser des liens.
Dans la Grèce Antique, la réponse à la croissance des villes a été un système de grilles; les proportions étaient vues comme la beauté. Au début des années 1900, la cité-jardin qui proposait des communautés autonomes, de « petites villes sans fumée et taudis », avec des maisons et des entreprises entourées d’une ceinture agricole. Ce concept a été exporté partout dans le monde. Dans les appartements modernes du milieu du 19e siècle, organisés autour d’une cuisine actualisée avec une hygiène améliorée, nous constatons une volonté de modernisation et de renouveau d’après-guerre.
Dans le monde d’aujourd’hui, nous voyons de nombreuses façons de répondre aux besoins des gens, des rangées d’immeubles d’appartements à Séoul, aux gratte-ciel « horizontaux » à Singapour, en passant par les appartements luxueux des gratte-ciel très hauts et très minces de New York (résultant de la possibilité d’acheter des « droits relatifs à la propriété du dessus » des immeubles adjacents). À l’échelle des villes, cependant, la principale tendance est de devenir plus intelligente et plus vertes, avec des thèmes comme la micro-mobilité, l’électrification et des zones sans voitures. Le but ambitieux de la Californie d’utiliser 100 % d’électricité zéro carbone d’ici 2045 favorise l’innovation, alors que San Jose est la plus grande ville des É.-U. à bannir les infrastructures de gaz naturel dans de nombreux nouveaux immeubles résidentiels.
Ce n’est pas une question de rapidité
L’idée d’une ville en 15 minutes gagne aussi en popularité. Ce concept souligne que nous avons peut-être trop mis l’accent sur la rapidité et pas assez sur l’accessibilité. Profiter de la vie ne signifie pas se rendre du point A au point B le plus rapidement possible, mais consiste plutôt à pouvoir se rendre facilement à l’épicerie, à l’école, au café ou au gym.
C’est une évolution de l’approche d’urbanisme adoptée au cours des décennies précédentes, à savoir que vous pouvez vivre où vous voulez et que la ville construira les infrastructures nécessaires pour vous amener là où vous devez être.
Cependant, avec l’augmentation des distances de déplacement ainsi que du nombre de banlieusards, la vie est devenue plus compliquée, et non l’inverse. C’est pourquoi le professeur de la Sorbonne, Carlos Moreno, a proposé la « ville du quart d’heure » à la mairesse de Paris, Anne Hidalgo. Les bienfaits de la ville en 15 minutes comprennent des communautés autonomes dans chaque arrondissement de la capitale française, des bienfaits écologiques découlant de l’éloignement des « priorités de l’ère pétrolière » relatives aux routes et à la possession d’une voiture, et une réduction du stress et de l’anxiété causés par la vie en ville.
Ce concept n’est pas nouveau. Melbourne a développé des quartiers en 20 minutes offrant des écoles, des parcs et d’autres commodités à 20 minutes de marche, de vélo ou de transport en commun. La ville en 20 minutes de Détroit est basée sur son réseau de tramway désaffecté. Copenhague au Danemark et Utrecht aux Pays-Bas ont toutes les deux lancé le concept d’« hyper-proximité » pour répondre aux besoins des citadins.
Architectes : Breathe Architecture. Photographie : Shannon McGrath. Melbourne, Australie.
Architectes : Breathe Architecture. Photographie : Shannon McGrath. Melbourne, Australie.
Dans le monde urbain, il y a de plus en plus de tentatives d’ajouter des espaces verts aux infrastructures existantes. La High Line de New York est une réussite connue, tout comme la transformation du viaduc autoroutier en « jardin suspendu » pédestre à Séoul ou la piste cyclable rose à Auckland. La HafenCity à Hambourg, le plus grand projet de réaménagement urbain en Europe, représente la rénovation complète de l’ancienne zone portuaire par l’intégration soignée d’anciens et de nouveaux immeubles, avec une attention particulière portée aux espaces publics savamment aménagés et une réalisation architecturale exceptionnelle, l’Elbphilharmonie, conçue par Herzog & de Meuron.
Dans les villes, où l’espace commercial s’échange contre des occasions, la question porte sur la maximisation des expériences de vie. Pour nous, en tant que concepteurs de produits, l’une des premières étapes consiste à amplifier la beauté fonctionnelle et esthétique de l’expérience intérieure pour offrir des maisons faciles à célébrer et des occasions de personnaliser l’espace intime des gens dans ces métropoles géantes.
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